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Le Large
03:23
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Les amis, j’ai largué les amarres en jetant l’encre
Sur une mer de papier, l'oxymore origami
Mis à mal, j’ai plié mes feuilles pour en faire un bateau
Mis les malles à la calle, en haut du mât aucun drapeau
La famille, j’ai sabré le cordon, emmêlé dans les cordages
Depuis que j’ai pris le courant pour port d’attache
Cherchant mon cœur d’apache, continue malgré les naufrages
Rap même sous l’orage, des belles plages en eaux fraîches
Une canne à pêche et une bouteille qu’on lance à l’eau
Est-ce un appel à l’aide ou en absence, Allo
Y a quelqu’un, quelqu’une, quand tout paraît quelconque
Dans une tempête de calculs, je mets les voiles et certains pensent
Quel con ! Désolé je n’suis pas un produit (croche et Erwan)
Laissez- moi m’isoler à mes oreilles vos discours font trop d’bruit
La vie n’a pas d’prix, mais dans quel sens du terme
Je crois que tout dépend de la façon dont tu t’aimes
Lâchez moi la grappe avec vos drapeaux comme attrape-mouches
Bave de crapaud comme cartouche
L'ignorance nous rattrape de partout, couche par couche
Prêts à abattre pour la couleur d'une paire de babouches
En fait je m’en tape que tu m’répètes ce que t’as lu
Je préfère encore que tu m’relates ce que t’as ressenti quand t’as bu
L’abus de conformisme, voile la vue, tue la promiscuité
Les vices face aux refus attendent juste la prochaine cuite
Des fois, je n’crois plus au bien ni au mal
Ni à un camp plus valable, laisse les méchants à Bioman
L'intox se deal au kilogramme, en tonnes, et la foule crie au drame encore
Prie un veau en toc, et se moque que ses idéaux crament
Un sens aigu pour développer des thèmes graves
Plus dur d'identifier ce qu'on veut, que ce qu'on n'aime pas
Aux commandes de mon épave, j'aurais pu brandir le pavillon noir
Ou le drapeau blanc, mais même pas, ça va sans dire
Peine à ressentir quoi que ce soit
Avec toutes ces étiquettes, les quêtes semblent accessoires
Sponsorisées par quoi ? Telle est la question
Je prends le large vers l'horizon car là j'me sens à l'étroit
Lâchez moi la grappe avec vos drapeaux comme attrape-mouches
Bave de crapaud comme cartouche
L'ignorance nous rattrape de partout, couche par couche
Prêts à abattre pour la couleur d'une paire de babouches
En pleine brise de la trentaine, dans ma crise, en quarantaine
Peine à prendre mon assise, à déployer mes antennes
Est-ce juste mon problème ou l'emprise d'une époque terne
Please, là j'me sens comme Charlot dans les temps modernes
Besoin d'un bol d'air, trop de bordel
L'heure de changer de bord quand l'atmosphère devient mortelle
Rêve de poser mes orteils, sur une terre sans orgueil
Mais là je suis hors-sol, en orbite, donc assez seul
Pourquoi les différences poussent à l'agression
Serait-ce parce chacun prêche pour sa paresse
C'est la guerre des moutons, qu'importe la couleur
Même si le dicton dit que c'est la même herbe que nous broutons
Arrêtons d'étiqueter, de parler d'équité
Déchiquetant les qualités sous prétexte de savoir qui t'es
Tout est un, un point c'est tout
Et si t'en doutes encore, ben médite un bon coup
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2. |
Génération
04:51
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Les parents, enfants de 68
Un autre monde est possible, mais reste encore en fuite
On m'a appris à prendre les autostoppeurs
Laisser la porte ouverte, dépasser ses stupeurs
Mais les idéaux s'empêtre vite, prennent le salpêtre
Les babas passent ensuite pour des sales pitres
Le chapitre 2 commence avec l'école
Avec les codes des autres milieux, c'est là qu'on décolle
Dans la cour, les filles jouent à l'élastique
Moi c'est les billes, Panini Mexico 86
Les étrangers venaient du sud de l'Europe
Grandir avec Benito, Federico et le rock
C'est moi Looping quand on joue à l'agence tout risque
J'voulais être Barracuda, mais pour ça j'faisais touriste
A la maison pas de télé, donc dessiner
Grimper dans les arbres, y a tant à imaginer
Premières écritures de textes, me creusant les méninges
En marge, enfant qui déménage
Mon cousin m'initie à Ludwig et Bérus
"La jeunesse emmerde le front national", j'en suis féru
L'adolescence se profile, plaire aux filles
Découverte du rap et voilà qu'j'perds le fil
Être de toutes les parties, montrer sa tête, son style
Car pas encore de clips, car pas encore Internet
La messe c'est le samedi matin sur MTV
Des VHS pour lesquelles tu donnerais même ta vie
Sous la capuche, Underground est la devise
Nique le commercial, Assassin de la police
Témoignages de potes réfugiés de Mogadishu
On écoutait ça avec nos cœurs d'artichauts
J'achète mes vinyls à Paris, Tikaret
Les premiers beatmakers s'entêtent sur Atari
Et je perds mon prestige quand le rap français
Se trouve dans les grandes surfaces, aah, ça m'fustige
Époque Genève des squats, le Goulet
Jeunesse en escouade, trainings, trous de boulettes
Ca fume des spliffs à l'arrière des trams
Mais j'réalise pas que ça sniffe des grammes
Encore naïf, et l'esprit dispersé
Mais princes de la ville avec le premier disque pressé
Nouvel an 2000 la terre tourne encore
Une année plus tard les tours dans le décor
J'hallucine comme on pointe les muslims
Les drones sont téléguidés depuis la mousseline
Arrivée dans le monde universitaire
J'imaginais pas ceux de mon âge avec un air si terne
Merci beaucoup, je mets les bouts, pour quitter mon trou
Mon crew, je passe à la radio à Tombouctou (break)
Les walkmans ont disparu, les squats ferment
Nouvelle politique tendue, le bras de fer
Les prostituées font place aux jeunes de l'Est
Ca optimise le business, et laisse moins de leste
Temps des crédits, du fantasme à la réalité
Qui aurait prédit que l'avion soit banalité
Des potes ont pété les plombs, on trop fait les cons
Drogue, cacheton, prison, égal tarés du béton (break)
Arrivée des Roms à tous les coins de rues
Les identitaires s'affirment et nous parlent d'intrus
Le rap se fait par clips et se veut rentable
Moins de beatboxers, y a du son sur les portables
A la trentaine, celui qu'a la casquette vissée
Ou toujours la boule à Z est victime de calvitie
Aussi autour de nous les enfants poussent
Les pairs de Stan Smith cèdent la place aux pantoufles
Des amis essayent d'arrêter de fumer
Les mêmes vices mais plus de peine à assumer
Quête d'épanouissement spirituel
Évanouissement de la crédibilité des ruelles
Des trucs m'échappent, juste en une décade
Tant de buts s'écartent, pourtant j'vois plus de came
On a quitté son quartier, des parents partis
Au ciel, on m'appelle l'ancien, c'est zarbi
Soudain marié, mon nom sur la porte
On me pose des questions comme: le rap ça rapporte?
Figures de style plutôt que gueule de Swag
Mais bon, c'est sur les murs de Facebook que j'tagge
Poste des dossiers sur l'envers du décor
Des mouvements militaires, du diamant avant Anvers
Campagnes d'Avaaz, commentaires évasifs
L'âge de l'écran ou l'art de rester passif
Mais je tilte, comme on faufile
Dans les méandres du temps, bientôt monstre fossile
Encore des trucs à faire avant d'être un vieux croulant
Mais j'compte garder du cran, même en fauteuil roulant
La caravane passe et se fait oublier
Pour désert un sablier, bientôt plus d'trace
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3. |
Petit Carré
04:03
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Selon l'angle où l'on te regarde, petit carré
Ca ne tourne pas rond, quant à tes racines
On t'associe toujours à la zone alpine
C'est marrant j'y ai jamais vu de cacaoyers
Petit carré, quelles sont tes origines?
Raconte moi ton arrivée jusqu'ici
Serait-ce une cale de bateau qui te turlupine?
Une histoire cachée tout au fond des abîmes
L'Atlantique se souvient peut-être
D'une époque où l'ébène s'obtient pour des indiennes
En fait tissus helvétiques, de belle fabrique
Puis l'ébène se troquait contre la graine magique
Désolé si je croque dans les tabous
Mais le monde est à bout depuis le temps qu'on l'escroque
Par vanité, petit carré
Tu es métisse, enfant d'un crime contre l'humanité
Petit carré à l'arrière goût
Triangulaire qui r'monte après coup
Une équation qui ne tourne pas rond
Petit carré tu pourrais demander pardon
J'aurais pu m'en tenir au premier couplet
Quand le lait et le cacao s'accouplaient
Pour la première fois, mais l'histoire se répète
Autre contexte, dans un autre endroit
Cette fois, on reste en Afrique de l'Ouest
La course au fric ne lâche pas plus de leste
On a varié les pratiques, et quant aux lois
Une éthique d'apparence, vu qu'l'humain a des droits
Au port, les entreprises amassent les graines
Y a un prix fixé, et des intermédiaires
Alors ça débite les enchères, et au début de la chaîne
Vu à combien ça achète, on se débrouille à peine
Et ces enfants dont on fait trafic
Fausses promesses aux parents des pays limitrophes
Les planteurs payés si peu, qui ne s'en tirent pas
Se payent un brin d'espoir dans ces paires de petits bras
Petit carré, remède à la déprime dit-on
Y a comme une fausse note cachée dans les demi tons
Dans les milliers de tonnes, derrière les milliards
Des mômes privés d'avenirs, petit carré corbillard
Ne venez pas me dire, que l'on fait ce qu'on peut
Mesdames messieurs les pilleurs, pour qui l'humain compte peu
Des chiffres et des êtres, consomme, le but du jeu
Que le compte soit bon, qu'on amasse des sommes
Je viens du pays ou naissent les
Gens riches et polis, mais dont le cœur a caillé
Une démocratie qui barrit, qu'a le beau rôle
Qui se dit neutre, c'est presque trop drôle
Mais c'est pas le cas, encore des efforts à faire
Deux, trois étranges affaires à sortir du caca-o
Au goût triangulaire
A l'arrière goût amer, dont on a rien à carrer, petit carré
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4. |
Rose des Sables
04:14
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Frêle pétale, sous un soleil ardent
Un secret qui ne s'étale, mais se ravale au dedans
Au cœur des dunes, tu te demandes si t'as un grain
Ces grands yeux qui m'accrochent te différencient d'un brin
Certains nient ton existence, n'acceptent pas
Que dans leur nid il y ait aussi une certaine résistance
A l'ordre des choses qu'ils appellent naturel
D'ici, cela me semble tellement caricatural
Pourtant ces envies qui te démangent
Tu dois les camoufler, car ta vraie couleur dérange
Une inclinaison qui te rendrait détestable
Pudiquement, je t'ai surnommé rose des sables
Rose des sables, cible des salves
Silhouette au galbe gracile
Sur les pistes sinueuses, petite alouette
Aux grands cils
Rose des sables, pétale qui pédale
Dans les dunes, un soir à mater les étoiles
Dans cette capitale du nulle part, sous la lune
Je t'ai écouté me raconter tes histoires
Me questionner, tu voulais tout savoir
Sur comment c'est là-bas, la façon de percevoir
Ceux de ton espèce, est-ce une maladie?
Un pêché, une bassesse, iras-tu au paradis?
Pardon, je n'ai pas toutes les réponses
Mais pense que l'amour s'amuse à voler en tous sens
Qui a jamais pu décider ce qu'il ressent?
Comme se sentir rose au milieu des ronces
Est-ce qu'une rose des sables peut se faner?
Combien d'années peut-elle rester condamnée
A rentrer son pistil, ravaler sa sève
Serrer les lèvres, taire le chant des amours impossibles
Ainsi puisse-t-il frayer son lit parmi les ergs
Depuis toujours la vie s'amuse à défier les règles
En force ou en douce, c'est en rejoignant la course
Des nuages, qu'une goutte reste fidèle à sa source
Rose des sables, cible des salves
Silhouette au galbe gracile
Sur les pistes sinueuses, petite alouette
Aux grands cils, je te souhaite une vie heureuse
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5. |
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On a rasé les arbres, casé les hommes
Et toujours pas déposé les armes
On peut causer des drames, en long et en large
Mais change-t-on la trame à coups de notes dans la marge
On marche sur les pavés qu'un système a posés
Théorie et pratique aux extrêmes opposés
Tu m'étonnes qu'on ait de la peine à se reposer
Dans le giron d'une dépravée déjà ménopausée
On appuie sur pause, mais la bande tourne
Vers la banqueroute, conséquence d'une surdose
D'absurdité, de sinistrose, de surdité
Finir au bistrot, troquer sa foi pour une cirrhose
Une fois dans l'an, on fait péter la langouste
Glousse, porte un toast, pour se redonner un coup d'boost
Un coup de boule ouais, celui qu'on s'inflige en douce
Par des piges dans le moule, d'où viendra le coup de pouce?
On a rasé les arbres, casé les hommes
Et toujours pas déposé les armes
On a écrasé la vie à phraser des hymnes nationaux,
A imposer la connerie en paradigme
Entre nous, ça part en steak, entre parenthèses
On est contaminé, donc le problème est intrinsèque
Parents s'taisent, enfants crient, personne ne s'écoute
Salades aux infos, faudrait bien qu'on les égoutte
De la paranoïa, celle qui paraît normal
Depuis le départ à New York des jumelles, la peur est plus que rentable
On fait passer le test
Est-on fréquentable? A-t-on assez d'stress?
A-t-on perdu l'esprit critique, rendu son jus, pressé?
Ou plus pratique, on ne l'a jamais eu
Bref, prêt à s'engraisser des discours politiques
Sans plus avoir à penser et on a bu à la détresse
On a rasé les arbres, casé les hommes
Et toujours pas déposé les armes
Fins de mois aussi longues que les nuits sont courtes
Les loyers grimpent, dur de gagner sa croûte
La mie de pain c'était avant, là c'est plus la teuf
La maison s'écroule, alors va te faire poutre
Même le boycott est devenu un luxe
Alors on suce du Ku Klux la praline
Mange du Monsanto, pour cinquante centimes
Sinon, faites des enfants comme Sarah Palin
Arme de destruction passive
Au milieu du salon, nouveau produit lessive
On a rasé les arbres pour faire du papier toilette
Pour remplir quelques mallettes
Caser les hommes des Projects aux Palettes
Vacances à Benidorm ou en cramant sa barrette
Et toujours pas déposer les armes
Dans la galère, toujours pas déposer les rames
C'est qui ce On, ce con, serait-ce moi au final
La farce, le dindon, en phase terminale
Pronom à la drôle de mine, tellement impersonnelle
Qu'il en perd son latin au fond des latrines
On a rasé les arbres, casé les hommes
Et toujours pas déposé les armes
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6. |
Patchwork
04:09
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Le jour où t'es apparu, on avait le cœur ouvert
Mais les amants retrouvèrent vite ce qui ne leur a pas plu
Après un séjour au soleil, le ciel s'est couvert
C'est connu qu'après un sprint on est tout raplapla
Comment ça se fait qu'on est resté ensemble tout ce temps
Quand les étreintes avaient surtout une saveur de repoussement
Peut être que quelque part on savait qu'il y avait autre chose
Chez cet autre, même si ça ne sentait pas forcément l'eau de rose
Tu te fermais comme une huitre, moi comme une porte qu'on claque
Le silence se contracte, on reste, mais toujours en fuite
Enfin, on avait chacun nos charniers dans les placards
Notre route aurait très bien pu se finir dans les platanes
Il faut croire que notre histoire a de bons anges gardiens
Donc qu'on ne me dise pas que l'amour ne tient à rien
T'as mis de l'eau dans mon vin, plutôt du vin dans mon eau
Du levain dans mon pain, et un lapin dans mon chapeau
Chanson d'amour patchwork, composé de bric et de broc
J'ai glissé ma main dans la tienne, puis dans la poche arrière de ton froc
C'est vrai, j'ai de la peine avec le romantisme
Je peux être blessant quand je suis en piste, que j'ai bu du rhum
Mes déclarations ne sont pas toujours appréciées, style
"J'regrette pas d'être avec toi même si des fois tu m'as bien fait chier"
C'est ma pudeur maladroite, un peu gauche
Mon humeur rien-à-battre, ma candeur un peu auch
Je mets les pieds dans tes plats végétariens
J'te demande pardon, mais range ta fierté, là c'est pas vrai que t'as rien
T'as mis de l'eau dans mon vin avec ton accent du lointain
Inventé, malgré toi, des mots rigolos, comme plutain
T'as mis du levain dans mon pain, et j'ai pas pris de brioche
Et si tu prends quelques kilos je ne penserais pas que t'es moche
Chanson d'amour patchwork, on tricote comme on peut ses pare-chocs
J'ai glissé ma main dans la tienne, puis dans la poche arrière de ton froc
Je t'ai appris à faire des contrepèteries
Tu m'as appris à la fermer quand ça vaut mieux en contre partie
On n'a pas toujours les mêmes priorités en même temps
Ranger l'appart, ok, mais juste là c'est emmerdant
J'ai du tempéré mes saisons bipolaires
Chercher un équilibre entre l'amour fou et mes p'tites colères
Combien de fois on aurait pu se casser, plus qu'assez
Des échanges qui tombent en panne de sens, même cachés
En plus un type un peu rustre et une donzelle en sucre
Tout pour finir frustrés, mais nos égos ont su se tasser
J'm'arrête moins pour checker des mains, taper des potins avec tous les copains
Et toi t'es prête plus vite, ce qui m'évite bien des trop pleins
Un homme et une femme apprennent à marcher les deux
On reste omelette si l'on n's'est jamais fait casser les œufs
T'as mis de l'eau dans mon vin ou l'inverse, mais c'est l'ivresse
D'avoir ta main dans mon dos, et la mienne sur tes fesses
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7. |
La Chance
03:45
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La chance ne s'accorde pas en Si, elle a besoin de racines solides
Ancrée dans l'ici maintenant, pas dans les films sordides
La bonne nouvelle, c'est qu'aujourd'hui on fête
Le premier jour de notre futur, on ne te l'as pas dit en fait ?
L'aventure t'attend sur le pas d'ta porte
Avec de l'inédit, c'est sûr, t'en connais pas d'la sorte
Se sortir les pouces du connu, plus un p'tit coup de tonus
Passer entre les gouttes, ce qu'il en coûte, juste un cap tenu
Les corbeaux sur ma route lèvent mes torts et mes doutes
Les voix des morts dans ma soute disent qu'on arrivera à bon port
Écoute ce que le vent chante aux aurores
Et goûte à la rosée, d'ores et déjà sur les boutons d'or
Chacun sa chance comme me l'a dit Sidi
Et si ça sent l'acide ici, il suffit d'une cédille
Pour passer des murs des cons au mur du son, à soi de décider
Si l'on accepte ou non que ce soit la merde ici
Comme une envie de dire merci, à tous mes pairs qui pensent
Que d'autres systèmes sont possibles, surtout les semaines où j'me perds
Ceux qui pansent mes plaies, qui épèlent le mot PAIX
Dans leurs actes, me rappellent pourquoi j'ai choisi d'écrire des couplets
C'est vrai qu'on construit avec ce qu'on a reçu
Et qu'c'est pas toujours évident, d'la cuillère d'or à la massue
Mais chacun son bagage dans son cartable, son jeu d'cartes
Son point départ et la façon dont on assume
Qui cherche... marche, et lâche du leste
Pas d'cailloux blancs comme traces, mais des certitudes laissées
Quelques graines qui ont peut-être poussé, devenues arbres
Qui sait? Le monde ressemble surtout à comment on le regarde
Je crois, et vois aussi tant de lunettes noires
Autour de moi, serait-ce une raison pour perdre espoir?
Non, non, tout est cercle concentrique
Partant du corps, de l'esprit, les phœnix renaissent de leurs cendres
Comme me l'a dit Sidi, chacun sa chance
Même si j'ai entendu tant de: qu'est-ce que ça change ?
Les réponses sont enfouies dans chacun de nos sens
Avant l'antichambre du trépas, on a chacun sa chance
On a chacun sa chance, on a chacun ses choix
Chacun son temps, chacun sa voie, chacun son chant, chacun sa foi
On a chacun sa chance, chacun ses choix
Mais sache qu'on a tous sa chance en soi
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8. |
Tobrouk
04:12
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Wouf wouf aboient les chiens, C'est dingue comme la peur du destin
Pousse à se mettre en groupe et on devient vite comme un fou de foot
Comment veux-tu qu'on se la coule douce, hein?
Quand le voisin a besoin d'un coup de pouce et qu'on se tourne les siens
Comme si coûte que coûte tout se réglait à coups de coudes
Pourtant mes coups de tête sont basés sur des coups de foudre
Dans une jungle de fourre-tout, les mots comme coupe-coupe
Même si pour beaucoup je vole au dessus d'un nid de couillons
Coucou, On grandit en mangeant beaucoup de soupe
En laissant mijoter son bouillon, en persévérant même à bout de souffle
Même si les paupières se boursoufflent
Les yeux comme des soucoupes, toujours rivés sur le brouillon
C'est clair que les pistes sont brouillées, que certains quotidiens sont bouillants
Et que trop souvent les mêmes continuent de douiller
Même si les joues ne sont plus mouillées, y a comme un goût de souffre
Ainsi qu'un doute sous la boîte crânienne, quelque chose à fouiller
Le grain de sable dans les rouages rouillés
Ou celui de couscous qui manque de se noyer dans la choucroute
Entre finir bouche-trou, ou marcher en babouches trouées
C'est choisi une fois pour toute, car la vie est toute courte
Tous dans une course de relais dont personne ne sort vivant
Le tout est de savoir ce qu'on laisse aux suivants
Tous, tous dans le même train, avec pour refrain
Un tchouk tchouk quotidien, un taxi pour Tobrouk
Je veux dénouer les nœuds, renouer avec les vœux
Que j’avais quant à la vie alors que je n’étais que morveux
Ca m'époustoufle, le fardeau qu'on accumule
Alors qu'on a qu'une mule, pour notre petit bout de route
On a beau lever les yeux ou louer les cieux
Trop de poids sur l'essieu fait que ça nous cloue dessous
Puis on fulmine à s'en faire mal les soirs de fool moon
Se sent vampirisé, pour ne pas dire que ça nous troue le cou
Un tumulte qui ne nous appartient pas
Mais qu'on a accueille à bras ouvert, même si ça fout le souk
On lui met un couvert, un cataplasme plutôt qu'une catapulte
Un pataquès de plus qui n'a pas sa place
Du bord de la falaise au gouffre, il n'y a qu'un pas
Du médoc au poison, il n'y a qu'une goutte
Faudra être précis lors du dosage du biberon des bouts de chou
Ou y aura de la citrouille en potage bien avant les douze coups
Tous dans une course de relais dont personne ne sort vivant
Le tout est de savoir ce qu'on laisse aux suivants
Tous, tous dans le même train, avec pour refrain
Un tchouk tchouk quotidien, un taxi pour Tobrouk
Yo, bande de bachibouzouks, à bord de mon tuk-tuk
Je pétarade, loin de la pureté du doudouk
On est tous le plouc de soi-même, quand on parade
De l'esbroufe, d'la mascarade, on reste parfois tous en carafe
A se rendre malade, à force de vendre des salades
Faire plus de bruit que les autres, pour hériter d'une écoute sourde
Besoin d'aller faire une petite ballade
Prendre le temps de se rappeler qui nous à passer la balle
Une envie de poser les malles, d'alléger les bagages
D'aller ouvrir la cage qui faisait qu'le zozio chantait mal
Si l'histoire est déjà écrite, comment la raconter?
Le destin on peut l'accueillir ou l'affronter
Tu veux qu'j'te dise quoi, que j'arrête mon discours
Que ma disquette a des dossiers trop lourds, que j'te donne mal à la tête
Certes je rappe ce que j'ai dans l'estomac, que je rumine tout le jour
On me parle de blé, moi qui voulait manger du boulgour
Tous dans une course de relais dont personne ne sort vivant
Le tout est de savoir ce qu'on laisse aux suivants
Tous, tous dans le même train, avec pour refrain
Un tchouk tchouk quotidien, un taxi pour Tobrouk
...ou pourquoi pas Tombouctou
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9. |
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A la pêche à la baleine je ne veux plus y aller
J'ai laissé a ligne de l'horizon l'avaler
Le décor, une plage, peu de gens dans les parages
Hors de l'espace-temps, les rochers n’ont pas d’âge
Je marche dans le vague, les vagues avalent mes empreintes
Le sable est à nouveau vierge de mes rêves, de mes craintes
Elle, étendue sur son flan, ballottée par l’écume
Le regard flottant au loin, à moitié dans les brumes
Terme du parcours, entre terre et mer, même les plus téméraires
Posent les rames à leur tour pour aller s’abreuver d’éther
Et ça a duré tout un beau jour, ou peut-être une année, voire trois
Je ne sais plus par quoi, et par où j’ai navigué
À lutter à contre-courant aux côtés d’une baleine échouée
Qui s’apprêtait à prendre le large, alors que je rêvais d’une bouée
Fallait-il la remettre à l’eau, lui permettre de repartir au loin
Ou juste se soumettre à la loi qui dicte tout être
Tiraillé entre les « peut-être », et se sentir coupable, oui
D’entraver le destin, d’être celui qui ne comprend rien
Je n'entendais plus aucun son n’écoutant que mon espoir
Et ne percevais plus son chant, résigné sur la fin de l’histoire
C’est surtout la peur de la mort qui nous empêche de vivre
Je l’ai appris près d’une baleine, pas dans un livre
Partie pour d'autres rives, celle qui m'avala
Dans l'antre de son ventre, et qui me vomit à Ninive
A mis les voiles, vers le Walhalla, sur un sentier de cendres
Bercée par les bras du vent, quelque part, par là-bas
En plein deuil d’une baleine, un vide qui peut peser des tonnes
Mais qui m’a fait des clins d’œil, depuis les parapluies d’automne
Une drôle de lame de fond l’a prise par le fond de l’âme
Vers d’autres banquises, non, ne fonds donc pas en larmes
Bon sang, petit poisson, me dit-elle de ses fanons
Tu ne tètes plus ta mère, ne te morfonds pas sur ton banc
Je ne m’étonne donc plus si la vapeur d'eau qu’elle pulvérisait
Ne coule pas de mes yeux, mais joue juste sur mon pare-brise
Parce qu'une baleine, c'est balaise, à en perdre haleine
Pas la peine de faire un malaise, de pleurer comme une madeleine
Et c’est pas l’homme qui prend la mer, ça on l'sait depuis un moment
C’est juste l’âme qui rend le corps, et non l’inverse, pas vrai, maman ?
Le décor, une plage, peu de gens dans les parages
Hors de l'espace-temps, les rochers n’ont pas d’âge
Je marche dans le vague, les vagues avalent mes empreintes
Le sable est à nouveau vierge de mes rêves, de mes craintes
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10. |
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Jonas
Marre de m'entendre dire ce qu'il ne faut pas
Parents poules improvisés, faites-vous cuire un œuf au plat
Laissez moi être l'exception qui infirme la règle
Un atome de plus qui souhaite imprimer la flegme
Vous vous foutez de moi à coups d'où tu fous tes doigts?
Dites-moi plutôt vos folies et rêves, vos doutes et foi
J'repense à toute les fois où l'on m'disait t'es fou d'être toi
Quand j'ai tout fait pour éviter d'étouffer sous les étoiles
Je voulais parler d'amour, j'ai vomi de la bile
A croire que j'ai trop respiré l'air de la ville
Peine à s'orienter en zone occidentale
Pris le large, côtoyé toute une faune accidentelle
Tordre les mots plutôt que mordre l’étau
Depuis très tôt j'ai discuté les ordres
Époque où l'on écope des pensées de hordes
En pleine guerre des métaux, l'heure de couper les cordes
Dans un décor aride
Refleurir les déserts
Comportement à risque
Gaël Faye
Dis-moi quelle est ma place? Je crois que j'suis paumé
Entre le vieux sage fainéant et l'ignare diplômé
Mon Dieu pardonne-moi tous les matins j'ai pêché
Des poissons irréels auxquels je me suis harponné
J'veux plus m'aplatir, mon horizon est vertical
Leur seul Éden terrestre est un paradis fiscal
L'artiste est un adulte qui crache les rêves d'un marmot
Donc j'ai cassé ma voix, par terre des vers et des bris de mots
Leur nez dans la poudreuse c'est tout schuss vers l'extase
Les soirs de mélancolie j'me tape que des lignes de basses
Souvent j'me perds moi le triste clown
Entre le rap de Baudelaire et les poèmes de MF Doom
J'ai peur d'être cynique, pessimiste ou défaitiste
D'être un chiffre, une croix, un nom sur une liste
J'ai peur mais j'me soigne
Je suis un nuage de rêves suspendu à l'orage
Rox
Ma musique n'est pas neutre, elle ne le sera jamais
Reflet d'mon âme elle est un cheval, je n'lui mets pas d'harnais
J'la monte à cru, même sur des pentes ardues
Ressens l'présent, ne m'soucies pas de c'que le monde a cru
Laisse l'instant me guider, mes rêves d'enfants filer
On s'redéfinit en retrouvant l'sens de l'inné
Débarrassé du surplus d'culpabilité
J'n'essaie plus d'faire l'unanimité
Juste d'être moi-même, au delà des barrières
Conditionné par hier, je pars, demande à Gaël Faye
Crache un arrière goût de moyen âge
Comment avancer si on ne tourne pas les pages
Bas les pattes, ne touches pas à mon âme si ce n'est avec douceur
Je n'veux plus porter les stigmates de la douleur
Dans le calme, je me reconnecte à mon être
Et là vois qu'en l'autre je peux me reconnaître
Edgar Sekloka
J’assombris l’Ego pour m’ensoleiller
La lumière c’est les autres, embrasse-moi pour essayer
Chérie, c’est de l’amour que je charrie dans mes écrits
Je renverse le Ciel, quand je rappe une étoile atterrit
Des astres, c’est ce qu’on était avant le désastre
Avant que le chiffre d’un pays ne remplace l’État de grâce
Remplace les rêves en fouillis, les rêves qui fourmillent
Aujourd’hui, les beautés humaines sont enfouies
Ou en fuite, je les retrouve chez le soldat de pacifisme
Le muslim qui shalom, l’artiste idéaliste
Mes pensées, des bégonias
Offertes en bouquets de rimes aux condamnés du procès de Rivonia
Culture plurielle comme ma pigmentation
Tu t’interroges sur ma peau car elle te remet en question
Pupille de deux Nations, je garde un œil sur chacune
Dans un désert de poésie, fais donation d’une lagune
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11. |
Le Couteau
03:33
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Ils ont ces couteaux dans les poches, s’en vantent avec les potes
Et s’en moquent qu’ils furent forgés à une autre époque
Histoire courte ignorée de beaucoup trop
Ainsi j’te te ramène à l’âge de fer de ces couteaux
Un temps où cette lame était le seul moyen de clamer
Son existence, c’était cela ou cramer
Graver son nom sur les murs quand l’arbre généalogique
Avait perdu sa logique, mystère de la géologie
Les seules strates étaient les classes sociales des States
L’esclavage aboli, mais pas de place sur l’estrade
Alors on a planté cette culture, fait ses marques
Bien souvent tracées de l’autre côté de la marge
C'était barge, quartiers à couteaux tirés
Nouveau phénomène et toute une jeunesse attirée
Les exclus admirés sortant de la ligne de mire
Tout a démarré là où le chaos demeurait
Le soufflet de la rage chauffait le couteau à rouge
Défonçant les barrages, une envie de goûter à tout
Petit à petit les destinées se permutent
Et cette lame permit d’extraire pas mal de balles perdues
Le couteau coupe, laisse ses marques
Oups, paré à trancher les amarres
Je passe sous la loupe une page de l’histoire
Où la rage et l’hystérie rajoutent un art sur la liste
On n’imaginait pas s'couper de telles parts de bifteck
Avec ce couteau, et ça a recoupé aussi sec
De la famine à l’orgie, ce fut la débandade
Bandes adverses, de quoi verser des larmes comme dans Bess et Porgy
On avait presque négligé l’âme de cette lame
De cet outil, par gain, C’était plus pourquoi, mais pour qui
Puis certains se complaisent à tripper sur son manche
Le décorer de diamants, perso, je trouve ça moche
Mais, à la longue, cette lame s’émoussa
Ne tranchant plus aussi net, plus la même secousse
Ça impressionne quelques minettes et les gosses de riches
À la longue la baïonnette fit surtout figure de grosse triche
La cible devint les autres protagonistes
Que l’on taille et que l’on crible et l’espoir agonise
Une lame qui avait su percer le rideau de l’ombre
Avait taillé ses propres voiles à trop se soucier de l’onde
Je cause, avec dans ma poche, mon petit couteau suisse
Plein d’outils que d’autres n’ont pas, comme cet ouvre-boîte
Une lime à ongle, une petite lame inoffensive
Un cure-dents car je ne mange pas que du riz et des pâtes
Qui suis-je alors, hein, pour juger les autres surins
C'est sûr, j'ai pas grandi aux pieds du mur ni dans le purin
Mais il porte sa croix, aussi petite soit elle
Et souhaite, encore une fois, produire quelques étincelles
C’est pas une arme blanche, mais noire et latine
Qui m’a permis d’aiguiser ma voix sur des platines
Héritier d'une culture apprise sur le tas et le tard
Je représente d'abord mes vérités et mes tares
Le couteau, à soi d'en choisir l'usage
Toujours dans ma poche, même si on dit qu'j'ai plus l'âge
C'est avec lui que d'la scène j'ai perdu mon pucelage
Et poursuivis mes rêves des plus fous aux plus sages
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12. |
Sur les Toits
03:21
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J'aime à me balader sur les toits
Plus près des étoiles, en bas je suis à l'étroit
Pas toi? Décoller de ce train-train sournois
Qui pèse sur mon sur-moi, qui m'a à l'usure
Ressusciter le temps tué dans les huées
A mes heures perdues, pouvoir enfin me retrouver
Fils des nuées, on l'oublie trop vite
Aux pieds des édifices qui nous prennent en orbite
Plus proche de la lune, de mes ancêtres
De quelques dizaines de mètres, d'une volute de brume
L'horizon est un cercle, et l'au-delà est incertain
Si le ciel est grand, et ben sers-toi
Moi, sur les toits, sous les étoiles
J'y nettoie mes émois, mes états d'âmes
Y déploie la voix lactée, sur mes voiles
Y vois mes actes, et mes tas de semblables
Sur les toits, plus qu'un murmure de voix
Rien qu'une rumeur au loin, une petite cure de calme
Un bol d'heure pure, un pur bol en haut d'une échelle
Le bonheur est dans le près, si tu essayes
Seul, devenir l'homme invisible
L'œil fleurit la nuit, quand la routine pète un fusible
Face au manège des ménages, ombres chinoises
De mon sombre nichoir, la gravité s'allège
A l'aise, tuiles passées sous mes pieds
Ici c'est le paradis pour épier
Ce périmètre où je gravite, les mécanismes où je pars vite
Sur la tête de ma ville, les nuages m'invitent
Regard en l'air, je scrute en quête
D'un autre ovni, et oui je repars en mer
En haut du mas, l'attrait du lointain
Quand tout est éteint, capter que tout est un
J'ai vu des soleils naître et mourir
J'ai vu des êtres paître et d'autres courir
La tête pleine de peut-être lors des nuits sans sommeil
A me demander quels rêves j'allais nourrir
Se débrancher pour se reconnecter
Penché sur le vide, qu'est-ce qu'on veut collecter?
Sous le coup de la loi de l'attraction
Avec du plomb dans l'aile, on ne s'envole que par fraction
De son perchoir, le prêcheur au crachoir
En quête de fraîcheur a reposé sa mâchoire
Tard, ce soir dans la noirceur
Car trop de lumière et les étoiles se meurent
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13. |
Oxymore
06:02
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Méfie toi de l'oxymore, c'est un pléonasme
Complexe, ça va pas plaire aux masses
Drôle d'époque où y a des poules qui mordent
Des eskimos du désert, du pétrole au Pôle Nord
Je barbote de tribord à bâbord
Qu'est-ce qui viendra après, ce qu'on se demande d'abord
Comment se mettre d'accord, tous tellement tiraillés
Qu'on devient son meilleur ennemi, son pire allié
On a croqué la pomme, Steve a bien fait son job
Des jaunes, tués dans l'œuf, vu les conneries qu'on gobe
Réponses toutes faites, sans qu'on se pose de question
Quête de liberté, en état d'arrestation
Mains sur la tête, non, sur le clavier Qwert, Azerty
D'où j'écris ce texte, même si homme averti
Pas encore trouvé l'art et la manière
De faire corps avec mes rêves, mais marre de la lanière
Les envies de voyages du sédentarisme
C'est la main sur la carte postale, les pieds dans la crise
Quitter son bocal est un comportement à risque
Quand c'est normal de chercher la paix dans la rixe
Mais tu le sais, c'est jamais tout noir ou tout blanc
Entre galaxies et trous noirs, la vie c'est souvent troublant
Rêve de trouver le silence, la gueule ouverte
Paradoxe de plus, oxymore qui s'est plus où se mettre
De toutes manières on finira tous occis, on finira tous morts
Ce qui compte c'est ce qui existe, pas le résultat des autopsies
Ce qui persiste et qui transcende les oxymores
Ours bipolaire mal léché sur la banquise
Faut se jeter à l'eau, quoi que les gens disent
Surpasser ses hantises, y aura bientôt plus de glace
On avance ou on coule, mais on ne fait jamais de surplace
Le fossé s'écarte, les cartes sont faussées
Certains sont même prêts à se battre pour bosser
Pour survivre, s'offrent en pâture aux bourreaux
Et s'évadent par les distractions qui filent le barreau
Qui suis-je pour juger avec ma haine à purger
A jouer les purs, y a que moi que je peux gruger
Même quand je parle d'amour, y a une saveur douce-amère
Encore trop de pleurs, trop de peur autour, d'où sa mère la ...
Bref, trop d'enfants de Pétain
Garants du pétrin jusqu'à ce que ça pète, hein
Plume dans le goudron pour recycler mes bourdons
Sublimer mes rancunes, plutôt que sortir le gourdin
Couper des cordons, pour me sentir relier
Nommer des conneries pour éviter de les relayer
Sous forme de silences, bien trop bavards
Marre d'hériter d'une générosité trop avare
Tous, les fruits de tant d'oppositions
Attention, funambule sur fil à haute scansion
A contre courant pour trouver un sens à la vie
Jusqu'au jour où la mort m'aura ravi
De toutes manières on finira tous occis, on finira tous morts
Ce qui compte c'est ce qui existe, pas le résultat des autopsies
Ce qui persiste et qui transcende les oxymores
Les plus belles roses poussent dans la merde, terreau fertile
Premier exemple en tête, les graffitis
Pour respirer, il a fallu trouer la couche d'ozone
Et clouer un type pour pouvoir parler d'amour aux autres
Signatures à récolter pour sujets importants
Envoyées de mon portable, merci le sang du coltan
Nul n'est au clair, et quand j'écris sous la lune
Ce n'est pas à la bougie, mais à l'énergie... nucléaire
A combien le prix d'une éducation?
Grandir dans un pays où les banques taisent les transactions
Les dés sont pipés, moi un peu dépité
Plus j'apprends et plus mes certitudes ont splitté
Forger sa foi dans les brasiers du doute
Chaud comme la guerre froide, ou la mer morte
La terre-mère elle en a vu passer des routes
Des cohortes d'antithèse et n'en est pas à sa dernière
On fait avec les moyens du bord, les barrières
Se mettre en avant tout en restant sur ses arrières
A grands coups de carrières, la montagne a disparu
Mystère de gloires bâties sur la misère des vaincus
Un système qui est la somme de nous-mêmes
De ce que l'on sème, on verra où ça nous mène
Soif d'épanouissement quand un tiers du monde à faim
J'avoue, j'ai pas trouvé le mot de la fin
De toutes manières on finira tous occis, on finira tous morts
Ce qui compte c'est ce qui existe, pas le résultat des autopsies
Ce qui persiste et qui transcende les oxymores
Oxymore, mot compte double, doux et exécrable
Avec un X et un Y, ça doit valoir des points au Scrabble
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JONAS OXYMORE Geneva, Switzerland
Jonas, rappeur genevois, c'est tout d'abord la qualité d'une plume aiguisée qui nous saisit, une signature particulière dans la façon de jouer des mots, de leurs sons et sens, et de détourner l'attendu. Il développe ainsi une approche sensible et chirurgicale de la complexité humaine sur des trames sociales, politiques ou intimes. ... more
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